PAS DE PIQUE-NIQUE

Aicha, Sana, Ismael et Khadija révèlent leur manière de gérer leur confinement durant la crise du Coronavirus au Maroc

Le confinement marocain entre mars et juillet raconte une histoire dans un murmure: rester ensemble tout en restant séparés n’a pas été une partie de plaisir pour nous à l’Orangeraie, et c’était malheureusement la nouvelle façon de s’occuper les uns des autres au Maroc. Une partie de notre famille: Khadija, Aicha, Ismael et Sana, partagent des anecdotes de leur vie pendant le confinement – de la capture de leurs reflets fantomatiques dans les vitrines vides des magasins à l’approvisionnement en couches, médicaments, lingettes désinfectantes et sacs de farine pour préparer le pain et les crêpes à la maison sans oublier bien sur leur célèbres acolytes, les grains de café et les feuilles de menthe fraîche.

Khadija, est rentré chez elle dans les montagnes de l’Atlas lorsque le confinement a commencé en mars. Sa ville natale, à une heure de Marrakech, se décrit comme une une petite ville berbère où les cuisines caverneuses sont encore éclairées par les feux de chêne, le linge suspendu à l’extérieur sur des cordes à linge, et où vous trouverez occasionnellement des berbères-marocains édentés à trente ans à force d’avoir abusé du thé sucré depuis leur plus jeune âge. La version de Khadija du confinement dans les montagnes de l’Atlas contrastait fortement avec celle d’Ismael, de Sana et Aicha, qui eux n’avaient d’autre choix que de le passer à la maison dans l’une des villes les plus durement touchées du Maroc: Marrakech. Le nombre toujours croissant de cas de Covid-19 à Marrakech était sans comparaison avec la situation quasi normale dans les montagnes de l’Atlas. Après avoir travaillé 6 jours sur 7 à l’Orangeraie presque toute l’année, le confinement a été une pause douce-amère pour Khadija. Elle a pu passer du temps avec sa mère et sa famille dans le calme des montagnes de l’Atlas, et commencé à apprendre des recettes traditionnelles marocaines enseignées par sa mère mais aussi utilisé le reste du temps à perfectionner ses compétences en anglais. Le fait de se  désintoxiquer des signaux numériques peu réceptionnés dans les montagnes et le répit par rapport à l’agitation constante de Marrakech ont été les principales choses apprises pendant cette période et ce dont elle ne savait pas qu’elle avait besoin pour sa tranquillité d’esprit.

Alors que la pandémie signifiait se séparer de ses proches pour beaucoup, pour Aicha, cela a signifié le contraire. Bien qu’elle ait eu soif d’être rassurée sur le fait que cette histoire malheureuse de Covid se terminerait tôt ou tard, elle a aussi pu créer des liens avec son fils (25 ans) et sa fille (23 ans) d’une manière qu’elle n’avait jamais eue l’occasion de le faire auparavant. En effet en l’absence de travail et d’activités quotidiennes, les conversations et les interactions intimes ont eu l’espace pour s’épanouir. Aicha, qui se réveille généralement tôt, faisait ses courses les matins des jours où elle y était autorisée (les directives du gouvernement ne permettaient que les achats tous les quatre jours). C’est ainsi, que dans les rues fantomatiques de Marrakech, Aicha a souvent découvert son reflet fantomatique dans les vitrines vides des magasins, un reflet qui semblait symboliquement faire remonter à la surface des émotions et des peurs plus profondes. De retour à la maison, Aicha préparait le petit-déjeuner de ses enfants comme s’ils étaient encore les enfants sans défense qu’ils étaient autrefois. S’éveillant à l’odeur du thé à la menthe fraîche, la famille commençait la journée en partageant le petit-déjeuner avant de regarder un film ensemble ou de faire le ménage de la maison, créant intimité, bonne humeur et rires chaleureux. c’est ce qui a permis à Aicha de traverser le confinement tout en restant optimiste et de sourire tous les jours d’une oreille à l’autre.

 » Quand les germes disparaîtront-ils?  »

 » Quand pourrons-nous jouer dehors?  »

 » Quand pourrais-je voir ma grand-mère?  »

Ismael et sa femme étaient maintenus occupés par leur trois enfants, respectivement âgés de dix, six et deux ans. Alors que tant de peur, d’incertitude et de panique ont fait irruption chez les habitants de Marrakech, Ismael a préféré passer son temps à s’occuper du jardin, à aider ses enfants à faire leurs devoirs, à cuisiner avec sa femme et bien sûr, prendre des nouvelles de la famille de l’Orangeraie au travers d’un groupe WhatsApp créer pour mieux rester en contact les uns avec les autres. Cependant il s’est vite aperçu avec tristesse que la communication numérique ne pourrait jamais remplacer les interactions quotidiennes chaleureuses qu’ils avaient auparavant. Les insuffisances créées par les relations uniquement téléphoniques ont été encore plus apparentes pendant le mois de Ramadan en mai. Chaque année, Ismael et sa famille rendaient quotidiennement visite à sa maman et à sa belle-mère pour rompre le jeûne et repartaient généralement avec de généreuses boîtes de ses pâtisseries préférées, faites à la main par sa maman et sa belle-mère. Cette année, les visites ont malheureusement été remplacées par des FaceTime au travers desquels Ismael et sa femme ont appris les recettes traditionnelles de ces fameuses pâtisseries avant de les confectioner eux-mêmes dans leur maison. Ismael considère ainsi que ses compétences culinaires se sont vues considérablement améliorées et ainsi comme sa plus grande réussite pendant le confinement – réussir à restituer les doux moments nostalgiques des réunions de famille tels qu’il les connaissait avant le mois de mars.

Pour Sana, sa lueur d’espoir lors du confinement de Marrakech était de vivre dans un air plus pur. Elle a ainsi remarqué que la pollution causée par les excès de motos, de voitures ou autre bus a considérablement diminué. Bien sûr, elle aurait préféré mettre ses chaussures et attraper son scooter pour profiter du soleil Marrakchi, mais le confinement l’a amenée à réfléchir – sur la façon d’être plus gentille avec mère nature, mais aussi à ses habitudes de dépenses personnelles et sur ce qui comptait vraiment pour elle dans la vie. Bien qu’elle n’aime pas être forcée de rester à la maison ou forcée de faire quoi que ce soit, elle a fait la paix avec le confinement pendant les deux premières semaines. Après cela, ses activités quotidiennes ont bien sur commencé à lui manquer – respirer l’odeur de l’air parfumé au jasmin, des msemens fraîchement sortis du four à l’Orangeraie, le soleil caressant son visage – qui pour elle évoquait les sentiments agréables dont elle était privée. Pour elle, ces choses pourtant simples étaient ce qui la faisait se sentir radieuse. Elle est cependant consciente que pour l’instant, elle doit faire le nécessaire.

Au sujet de l’autrice
Chadia El Hajari

Née à Amsterdam, spécialiste du marketing numérique et créatrice de contenu, Chadia vit à Marrakech par intermittence depuis 2016 et est tombée par hasard dans la publicité créative. Elle est une grande fan des couchers de soleil exceptionnels de Marrakech, de ses peuples arabes et berbères et de son style de vie décontracté. Elle est toujours à la recherche d’’aventure ou d’une superbe paire de talons, que ce soit dans le désert rocheux d’Agafay ou en bateau sur le lac de Côme !